Les consultations se succédant, je m’aperçois que très souvent nous préférons dans notre quotidien taire nos sentiments, nos réflexions, nos analyses. Quand je demande « En avez-vous parlé à quelqu’un ? » La réponse est dans la grande majorité des cas « non ! ». Quand j’interroge « Pourquoi ? », on me répond « je culpabilise, je ne veux pas décevoir, je ne veux pas qu’on s’inquiète, j’essaie de voir le côté positif tout seul, j’essaie de me dépatouiller dans ma situation et dans mon humeur, je suis fort ‘je n’ai besoin de personne, ou je ne veux pas montrer que je n’y arrive pas, de toute façon pourquoi faire ! » Parler c'est mettre à jour et mettre en lumière notre monde intérieur, notre individualité.
Le langage et la parole, abritent notre vision de l'univers, des autres et de nous-même.
Mais c’est aussi une fabuleuse aptitude pour ré envisager notre ego, notre regard, notre compréhension et notre interprétation physique, mentale et émotionnelle.
Souvent, nous n'osons pas parler ou bien nous pensons ou nous savons que ayant du mal à canaliser notre tempérament, nous projetons sur les autres nos difficultés affectives lors de ces échanges.
Oui mais voilà, parler est indispensable, ne serait-ce que pour donner de la valeur à nos ressentis ainsi qu’à nos perceptions corporelles, et s’attribuer le droit de ressentir, éprouver ces sensations. « Je sais donc je suis », « Je ressens donc je suis aussi » ! De la même façon que je me sens capable de répondre « je vais bien merci » pourquoi ne nous donnons pas le droit de répondre « non je ne m’y retrouve plus, ou je n’y arrive pas » ? Parler c’est accepter et apprendre à mettre en mots nos maux et notre tableau de la vie et de son quotidien. C'est reconnaitre et valoriser ses valeurs intrinsèques, et c'est également une faculté à se réaliser dans l'échange de nos considérations. C’est s’attribuer le droit à se définir libre d’éprouver l’ensemble de ces incertitudes, incohérences, instabilités, et difficultés que nous vivons, sans pour autant les juger comme « mauvaises, inutiles, honteuses » intrinsèquement.
Il ne peut y avoir d'échange et d'enrichissement sans confiance, en soi mais aussi en l'autre. La foi est primordiale pour s'affirmer dans nos désirs. La parole sert alors notre route et nous fait grandir, puisqu'elle anime notre aptitude à nous considérer comme fière de nos jugements, de nos considérations et de nos valeurs.
Parler est une nécessité également pour s'épanouir, se rassurer, et s'ouvrir sans peur du jugement et sans culpabilité. Mettre en mots c'est nous accorder une possibilité de transmettre aux autres nos incertitudes, nos difficultés, nos épreuves et nos aspirations.
Il faut parler pour décrire, expliquer mais aussi pour ne pas subir! Communiquer c'est également ne plus se limiter à recevoir les paroles des autres sans réaligner leur jugement si nous l'estimons mauvais. Parler c'est s'affirmer dans ses certitudes. S'affirmer soi!
Mais c’est aussi affirmer l’autre dans ses ressentis, être en mesure de l’accompagner dans ce sens concordant au notre, parfois discordant ou bien d’être en mesure de l’accompagner vers une ouverture de conscience et une vision des choses différente : sous un angle nouveau.
Que faire lorsqu'une discussion s'envenime et que la colère nous envahie ? Et bien nous devons apprendre à anticiper nos réactions émotionnelles afin de modifier leur impact sur nous, notre tempérament, notre façon de répondre et donc sur l'autre. Nous apprenons alors à modifier nos paroles pour avancer dans la paix de nos mots et de ce que cela déclenchera chez l'autre. En ce qui me concerne, et depuis toujours, on m'a souvent répété que j'étais "cash" alors que pour moi aller à l'essentiel était naturel et que cela n'était absolument pas synonyme de colère ou de jugement ...J'ai appris alors à être consciente que parfois pour prendre un exemple "alors que je ne souhaitais qu'arroser un rosier et que j'avais l’impression de n'arroser que ce rosier, d’être très méticuleuse, précise avec un arrosoir , le jardin tout entier se retrouvait inondé"... J'ai appris à avoir conscience que la répercussion et l'interprétation de mes mots étaient parfois totalement différentes de l'idée initiale que j'en avais ...Comment changer…. En avoir conscience, et continuer inlassablement ce travail de réadaptation, modulation jusqu’au jour ou l’outil deviendra plus maitrisé, plus habile, plus modulé et moins brute.
Grandir, c'est oser, prendre son courage à deux mains et savoir se réaligner lorsque nous nous jugeons plus respectueux, ni respecté.
Parler c'est s'appréhender comme capable de reconnaitre ses forces mais aussi ses limites intellectuelles, morales ou intrinsèques. Parler permet a chacun des protagonistes de se connaitre et reconnaitre.
Et parler dans le soin, et dans une consultation d 'ostéopathie ? je vous invite à lire l'article sur ce sujet : https://www.osteopathe-bassin....
Alors Parlons …