Je suis ostéopathe depuis 8 ans, et mon quotidien est rythmé par le « Je me suis fait mal ».
Lorsque j’interroge sur les raisons, ou que je recherche les causes, les réponses récurrentes sont : « en ne faisant rien, en mettant le couvert, en me penchant, en jouant avec mes enfants, en tombant.. ». Il semblerait que le coupable soit sans cesse le mouvement : j’ai fait, donc j’ai mal. Pas étonnant que nous soyons tombés dans une vision des choses ou pour ne pas avoir mal, il faut rester dans son fauteuil et se reposer. Malheureusement cela est l’inverse.
Le corps abrite toutes nos épreuves quotidiennes : se lever, se rassoir, porter, remplir, marcher, courir, laver, puis ne rien faire…...
Ce n’est pas le mouvement qui est dangereux, mais un mauvais équilibre entre action/repos, cela dans un contexte quotidien stressant, rapide, urgent et dans un état de conscience détaché de l’état de santé et du meilleur fonctionnement possible de ce corps. Nos gestes quotidiens sont speed, il faut aller vite, être productif, organisé pour que tout puisse loger dans 24H. Nous nous couchons le soir, tendu, stressé, crevé, nerveux ou dépressif.
« Je n’ai plus 20 ans, J’ai de l’arthrose, j’ai une jambe plus courte que l’autre, je ne suis pas droit…». Ceux qui me fréquentent au cabinet, connaissent mon avis sur ces réponses …
En insistant, et en recherchant à aller plus loin (parce que oui Hippocrate m’a bien enseigné qu’il faut prendre en compte toutes les influences internes et externes d’un Homme pour apercevoir et estimer son état de santé ) Je demande « Et vous, comment ça va au-delà de votre douleur, le moral, la vie en ce moment ? » On me répond « ça va, j’en ai plein le dos, ras la casquette, j’ai une boule au ventre, j’étouffe, je n’ai pas le temps pour moi, ça m’énerve » quand je n’ai pas le « je ne savais pas que j’étais chez un psy… » mais voilà, ça s’est encore un vaste sujet.
Nous sommes tellement préoccupés par le « faire », que nous oublions un facteur essentiel « la maintenance». S’investir dans notre santé, physique ou émotionnelle ne nous semble pas prioritaire
Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ? Je veux être en bonne santé et en capacité à pouvoir bouger comme je l’entends et sans douleur »! Parce que finalement le mouvement, c’est ce qui permet de créer notre bonheur !
Pouvoir bouger, sans appréhension, sans douleur, avec aisance c’est se maintenir libre d’entrevoir, d’entreprendre, d’apprendre, de créer. Je reprends le principe ostéopathique de base : La vie c’est le mouvement ». Comme une cellule, si je créée, si j’échange alors je reste en vie, ci tout cesse alors tout comme la cellule meure, je « meure ».
Une santé doit être responsabilisée pour perdurer. Comment effectuer un créneau, si nous laissons les cervicales s’enraidir ? Comment mettre son manteau, si nous laissons notre épaule perdre son amplitude, sa force, son mouvement et sa stabilité ? A nous de choisir quel cercle nous désirons nourrir : vertueux ou vicieux ?
Le corps s’adapte, se modélise, en fonctions de nos besoins et de nos contraintes quotidiennes. Il adapte sa force musculaire, ses fibres musculaires, sa densité osseuse en fonction de l’utilisation que nous en avons. Il réussit toujours… cette adaptabilité se résume en ostéopathie à « la fonction gouverne la structure » une danseuse n’a pas les mêmes muscles qu’un body builder. Par contre si nous ne nous intéressons pas à l’état général de ce corps, que nous le laissons perdre en mobilité, que nous laissons les compensations se juxtaposer les unes aux autres, alors le scénario se modifie est cela devient « la structure (le corps) qui gouvernera la fonction (ce que nous sommes encore capable de faire, et comment dépendra de l’état d’usure de nos articulations et muscles!)
Le fonctionnement de notre corps dépend de notre aptitude à nous intéresser à lui, et à le considérer, et non nul besoin d’avoir 3H par semaine de disponible. C’est la répétition du geste sur plusieurs jours, mois, années qui fait que nous gagnions en amplitude. Et non on ne recherche pas la douleur, le geste se fera petit à petit plus aisée et plus ample.